Cet article aurait aussi pu aussi s’appeler 10 (pas toujours si mauvais) jeux adaptés de (pas toujours si bon) films cultes des années 80.
Le cinéma a été très tôt, sans doute dès le départ, une source d’inspiration pour les concepteurs de jeux vidéos et les adaptations de films ont été depuis longtemps une manne pour les éditeurs. En effet, les efforts pour adapter un film sont moindres que pour créer un jeu original avec son propre univers, et comme le succès du film assurait une rentrée financière quasi assurée aux jeux dérivés, cela ne poussait pas non plus les programmeurs à tirer la quintessence de leurs produits, programmés dans l’urgence et sur plusieurs plates-formes à la fois, ce qui ne permettait pas d’optimiser les jeux en fonction des machines.
Certains éditeurs s’étaient spécialisés dans cet exercice, comme Océan ou US Gold, avec assez souvent à la clé des jeux assez moyens, voire carrément nuls, il faut bien l’avouer! Les principaux défauts étaient un univers retranscrit à la va vite et qui décevait le fan du film en question, une réalisation technique souvent très moyenne, et une jouabilité très approximative. Bref un bon film n’était que très rarement la garantie d’un bon jeu! L’Amiga, comme toutes les machines des années 80 a eu son lot d’adaptation, pour le pire mais parfois aussi le meilleur. Pour notre petit voyage dans le temps et en pixels à Hollywood, j’ai sélectionné ici 10 titres tirés de films à succès de la même période. Alors, silence, moteur, on joue!
Robocop
Si je commence par ce jeu édité par Océan en 1989, c’est parce que c’est à cause de lui que je suis ici aujourd’hui. Ne jurant que par le CPC 6128 sur lequel je jouais chez les copains, je ne vous dit pas la claque que j’ai pris quand j’ai découvert Robocop sur Amiga 500! Et du coup à Noël, l’ordinateur familial ne fut pas affublé de la marque au crocodile mais du logo à l’arc-en-ciel. Le jeu en lui même est assez fidèle à la version arcade dont il est adapté, et suit les différentes phases du film. C’est essentiellement un jeu d’action avec scrolling horizontal dans lequel on doit nettoyer l’écran de toute forme de pixels animés. A chaque fin de niveau, un plus gros ennemi vous barre le passage, on retrouvera évidemment (par deux fois même, ne boudons pas notre plaisir) l’ED-209 et il faudra lui régler son compte pour espérer progresser. Un seul problème au niveau de la jouabilité, la gestion du saut est très mal pensée : il faut se baisser puis aller vers le haut ou appuyer sur la barre espace – ce n’est pas ce qu’il y a de plus pratique! Le petit plus vient des phases entre chaque niveau qui alternent des tirs sur cibles (entrainement ou sur des preneurs d’otages) et la reconstitution d’un portrait robot : original et rafraichissant. Pour conclure, un jeu classique mais à la réalisation honnête, avec un visuel 8 bits assez sympa au final.
Pourquoi y (re)jouer?
Pour la voix digitalisée au début (la claque pour moi à l’époque, la machine parle!), les musiques qui reprennent le thème du film, et la difficulté progressive.
A noter…
qu’il existe également des adaptations de Robocop 2 et 3, cette dernière présentant la particularité d’être sorti avant le film, dont le scénario fur arrêté dès 1991 mais qui sortit finalement en 1993.
Le Flic de Beverly Hills
Un jeu que j’ai découvert récemment, et que j’ai acheté par curiosité et par nostalgie pour ce film qui a propulsé Eddie Murphy sur le devant de la scène. J’avoue n’avoir pas été très convaincu par le premier niveau, un jeu d’action à scrolling horizontal dans un entrepôt, le personnage est mou du genou et on a du mal à viser les ennemis. Ce mode de jeu se répète au niveau 3. Les niveaux 2 et 4 sont en 3D surfaces pleines et semblent plus intéressants. Le niveau 2 est une poursuite en voiture, le joueur doit rattraper et tirer sur des camions tout en évitant de toucher un autre véhicule. La jouabilité est correcte et la réalisation technique honnête. Je n’ai pas malheureusement pas pu atteindre le niveau 4 qui est un niveau de FPS, ce qui en ferait un ancêtre de Doom! Mais de très loin tout de même… L’ensemble ne m’a malheureusement pas du tout replongé dans l’humour du film, et c’est bien dommage.
Pourquoi y (re)jouer?
Pour le thème du film repris sur la page d’intro (et encore) et pour essayer d’arriver au niveau 4.
Gremlins 2
Un jeu que je connaissais sous une autre forme sur d’autres plates-formes et qui permettait de diriger Gizmo. Dans cette version, vous dirigez Billy dans les bureaux infestés de Gremlins aggressifs qu’il faudra éviter ou éradiquer. Le jeu oscille entre la plate-forme (il faut récupérer de nouvelles armes ou des bonus en grimpant sur les étagères ou les bureaux) et l’action puisque chaque écran apporte son lot de Gremlins. C’est un peu là que l’âge du jeu se fait sentir d’ailleurs, on progresse d’écran en écran, avec une pseudo réflexion à chacun pour négocier les pièges et les ennemis du mieux possible. Sauf que la jouabilité cause quelques morts prématurées et que les situations sont dans l’ensemble répétitives. Le jeu n’est pas mauvais mais on ne peut pas vraiment dire qu’il soit bon. A choisir, essayez les versions NES ou Gameboy, elles sont tout aussi dures mais mieux construites. Et puis on dirige Gizmo, qui est tout de même plus charismatique que Billy!
Pourquoi y (re)jouer?
Pour la jolie image du début, parce que le jeu n’est pas vraiment mauvais et que vous vous sentez une petite faim un soir après minuit.
Die Hard 2 (58 minutes pour vivre)
Un jeu qui sort un peu du lot pour un film assez moyen, sans doute le moins bon de la série, comme ça semble souvent être le cas des épisodes 2. Point de plates-formes ou de beat’em all ici mais un jeu de tir en vue subjective. Je vous arrête tout de suite, il ne s’agit pas d’un FPS comme celui sorti plus tard sur Playstation ou Saturn. Ici on est dans un Operation Wolf, l’écran est fixe et vous contrôlez une mire à la souris. Des ennemis apparaissent à l’écran et vous devez les abattre, de temps en temps des bonus apparaissent, grenades et trousses de soin. Rien de transcendant donc, d’autant plus que le déplacement de la cible souffre d’une légère inertie fort peu pratique. Petits détails cependant, certains éléments du décors sont destructibles (vitres, caisses, etc) et le jeu est jouable avec un pistolet. Au final, on peut dire que le jeu est à la hauteur du film…
Pourquoi y (re)jouer?
Pour voir si la jouabilité est meilleure avec un pistolet, si vous en avez un sous le coude. Sinon, je ne vois pas trop.
Hudson Hawk
Ok, les puristes me diront que ce film date de 1991. Mais 1) j’ai le droit d’être fan, 2) c’est mon article, je fais ce que je veux et 3) c’est encore un jeu édité par Océan! Cette fois-ci, de la plate-forme pure et dure tout au long de 13 niveaux qui vous mèneront sur la trace des secrets de Léonard de Vinci. Là encore la jouabilité est délicate avec un personnage qui d’une part ne peut sauter qu’en diagonale, jamais tout droit et, d’autre part, des déplacements avec un effet d’inertie qui fait qu’il est impossible de s’arrêter net. Deux points qui, vous en conviendrez avec moi, suffisent à rendre la vie impossible à n’importe quel héros de jeu de plates-formes (et par la même occasion au joueur qui le dirige). Pourtant j’ai une tendresse particulière pour ce jeu (que j’ai terminé à force de patience et de vies infinies) qui m’a tenu en halène un certain nombre de mercredis après-midis. Peut-être pour sa difficulté mais aussi pour les petits détails humoristiques (les chiens qui vous tirent par le pantalon, les bonnes soeurs parachutistes, etc) qui confèrent au jeu une très bonne ambiance, légère et décalée, assez proche de celle du film. Alors foncez et n’oubliez pas de swinger sur une étoile!
Pourquoi y (re)jouer?
Pour incarner Bruce Willis (ce qui est plutôt rare) à une époque ou il avait des cheveux (ce qui est encore plus rare!), pour les musiques, les graphismes colorés et l’humour qui rendent le jeu très sympas.
Indiana Jones et la dernière croisade
Encore un jeu de mon enfance, et en grand fan de l’homme au fouet et de la version aventure du jeu, je me devais d’en parler ici. Et puis celui-là, je l’ai fini comme un grand, sans cheatcode ni rien. Le jeu reprend 4 moments du film (le début dans les cavernes puis la poursuite sur le train, le chateau de Brunwald, le zeppelin et le temple du graal) dans des phases classiques de plates-formes/action (vous disposez d’une arme à feu et du fouet). Quelques petites idées originales sont présentes comme la baisse de la luminosité dans les deux premiers niveaux : si vous ne souhaitez pas vous battre dans le noir, il est impératif de ramasser des torches! Malgré une réalisation audio (le thème du film est bien sûr présent en intro, pas de musiques pendant le jeu par contre) et graphique correcte, le jeu est assez répétitif, l’absence de boss à la fin des niveaux est un peu dommage par exemple. Bref, allez plutôt jouer au jeu d’aventure du même nom ou bien à Rick Dangerous, dans les deux cas vous utiliserez mieux votre temps.
Pourquoi y (re)jouer?
Pour la joie de casser son joystick de frustration quand, après de longues heures acharnées, on se saisit enfin du graal qui traine là par terre et que, pour toute récompense, on obtient un Game Over bien senti!
A noter…
qu’il existe deux autres jeux d’action mettant en scène Henri Jones Jr., une adaptation très 8 bits du Temple maudit (y jouer me semble être une expérience très dispensable) et un Indiana Jones et le destin de l’Atlantide, sur un scénario original. Et pourquoi je ne vous parle pas des excellents jeux d’aventure? Parce que je garde de quoi faire un autre article, petits impatients!
Retour vers le Futur 2
Encore l’adaptation d’une suite, pour un jeu avec de faux airs de Paperboy. Une petite introduction nous met dans le bain avec le décollage de la Deloreane, petite madeleine qui fait resurgir immédiatement les scènes cultes du film. Puis le premier niveau nous permet d’incarner Marty sur son aéroskate dans un environnement en 3D isométrique. Cool! je rêvais d’essayer ce skate quand j’étais gamin! Le rêve en apparence seulement, à cause d’une jouabilité assez difficile à appréhender il faut bien le dire, qui m’a fait abandonné avant de voir la fin du premier niveau. La suite semble composée de phases variées (beat’em all, taquin) mais pas assez enthousiasmantes pour que je m’accroche. Bah oui, quoi, pas de Deloreane à piloter, c’est quoi ce jeu?
Pourquoi y rejouer?
Comme on ne peut pas conduire la Deloreane, je cherche encore.
A noter…
qu’il existe une adaptation un peu plus jouable du troisième et dernier opus de la série mais qui ne permet toujours pas de conduire la mythique voiture…
Ghostbusters 2
Quand on s’ennuie, qui on appelle? Ghostbusters! Encore une suite, plutôt réussie, d’un film qui aura marqué une génération (je vous conseille d’ailleurs vivement de voir Soyez sympa, rembobinez, film hilarant qui rend hommage à la génération vidéo club des années 80 et plus particulièrement à Ghostbusters). Sans être aussi marquant, l’adaptation vidéoludique est tout de même au dessus de la moyenne. Des images digitalisées du film servent d’introduction et de cinématique et mettent dans l’ambiance. Certes le premier niveau est assez déroutant et énervant : il faut descendre dans les égoûts pour prélever un échantillon de slime, tout en étant assailli de fantômes divers et en récupérant les morceaux de l’équipement nécessaire pour ramasser la morve gluante. Des problèmes de jouabilités dans la façon de se déplacer le long de la corde font qu’il est assez fréquent de mourir bêtement. Heureusement la seconde partie rattrape la première, avec une phase de shoot’em up aux commandes de la Statue de la liberté (en fait on dirige une boule de feu générée par la statue et qu’il faut recharger en ramassant du slime). Original et jouable, un bon moment. Le dernier niveau est l’affrontement final contre Vigo, et là, bon courage!
Pourquoi y rejouer?
Pour la séquence de shoot’em up du deuxième niveau et pour la musique de l’introduction
L’Arme fatale
Un jeu un peu spécial que celui-ci car il n’est pas à proprement parler adapté d’un film mais des trois premiers de la série. Vous incarnerez donc Riggs (Gibson) ou Murtaugh (Glover) dans une série de niveaux très orientés plates-formes/action. Vous allez sauter, nager, vous accrocher, grimper un peu partout, que ce soit dans un entrepôt sur les docks, dans le métro ou un centre commercial. A noter que vous avez la possibilité de choisir l’ordre des niveaux dans le commissariat ou vous débutez le jeu. La réalisation du jeu est très bonne, c’est le genre de jeu qui montrait à l’époque qu’un Amiga était capable de rivaliser avec une Megadrive ou une Super Nintendo. Dans l’ensemble le jeu fait penser à Addams Family, ce qui est est plutôt un compliment. Comme quoi Ocean (eh oui, encore eux!) peuvent aussi faire du très bon.
Pourquoi y (re)jouer?
Pour le challenge assez élevé, pour la réalisation technique quasiment sans faille, une sorte d’illustration du jeu 16 bits dans toute sa splendeur.
The Blues Brothers
Ah, en voilà un bon jeu, idéal pour terminer ce petit tour d’horizon vidéoludique sur une note optimiste : tous les jeux adaptés de films n’étaient pas destinés à être nuls, médiocres ou tout juste corrects. A condition bien sûr que les programmeurs se donnent le temps et les moyens de bien faire, ce qui est le cas ici. The Blues Brothers est un jeu de plates-formes coloré, fluide et jouable. Si, si ça existe! la preuve. L’ensemble est classique avec des ennemis à éviter, des caisses pour s’en débarasser, des bonus à ramasser mais avec cette petite touche d’humour qui va bien. Les mamies qui vous foncent dessus dans leur caddie, les blobs étranges des égouts, la petite danse effectuée par votre personnage quand il perd une vie sont des détails qui font toujours sourire. Et n’oublions pas le côté sonore, chaque niveau ayant une musique directement adaptée des tubes des Blues Brothers. Ce n’est pas le pire accompagnement qu’on puisse imaginer pour un jeu où on court dans tous les sens : du bon vieux rock, bien retro! Au final, un bon jeu auquel je rejoue toujours avec plaisir.
Pourquoi y (re)jouer?
Parce que c’est un bon jeu, tout simplement! Avec un gros faible pour les musiques – Everybody needs somebody to play with!
Happy end
Et voilà, déjà la fin de ce petit voyage! Certains me diront que j’ai encore raconté ma vie, mais si j’ai pu partager un peu de mes goûts et dégoûts d’hier et d’aujourd’hui avec vous, j’en suis ravi. On pourra toujours me reprocher aussi de ne pas avoir mentionné tel ou tel jeu adapté de films cultes comme la Guerre des étoiles, Maman j’ai raté l’avion (un jeu où le joueur est fortement tenté de faire mourir exprès Macaulay Culkin par pur sadisme), Karate Kid, l’Histoire sans fin, Cabal, Predator, Alien et autres Terminator. Mais d’une part, il faut bien choisir, et d’autre part, il faut aussi que je garde de quoi écrire un prochain article. Alors rendez-vous bientôt pour une thématique que je vous promets gonflée aux testostérones!