Souvenez-vous, j’avais présenté l’album Red Eyes And Grey Skies de Laffe the Fox dans la revue chiptune de l’été. Et voici désormais l’interview de ce sympathique artiste norvégien !
D’ailleurs, vous pouvez même la lire en écoutant son dernier album !
[bandcamp width=100% height=42 album=636357278 size=small bgcol=ffffff linkcol=0687f5]
Ordiretro : Peux-tu te présenter ? Laffe the Fox, ça vient d’où ?
Je suis juste un enfant des années 90 qui s’amuse à faire de la musique avec tout un tas de bleeps et de bloops. En tant que fan de Sonic, et ce presque depuis ma naissance, mon nom de scène est une référence aux héros de ces jeux dont les noms se terminent par “the Hedgehog”, “the Echidna”, “the Cat” par exemple. De plus, c’est assez bizarre, mais certaines parties de ma vie ont tournées autour des renards, d’une certaine manière. Voilà à peu près ce que l’on trouve derrière ce nom. Peut-être est-ce un peu ridicule, mais ça m’est égal.
OR : Le personnage de Tails mis à part, pourquoi dis-tu que les renards ont eu tant d’influence sur ta vie au point que tu as choisi “Laffe the fox” comme nom de scène ?
Il y a beaucoup de choses, en fait. Étant gamin, j’ai beaucoup aimé le Robin des Bois de Disney, et aussi, je me souviens encore de la première fois où j’ai vu un vrai renard traverser la route. J’habitais à la campagne et un renard venait jusqu’à notre porche presque toutes les nuits, et plusieurs fois, nous lui avons laissé des pâtisseries. On se tenait juste derrière la fenêtre et nous le regardions manger. C’était vraiment génial. Mon frère, qui habite au milieu de la forêt, a posé plusieurs mangeoires pour les animaux et il y a parfois des renards qui rôdent dans son jardin. Une fois, quand je lui ai rendu visite, nous nous sommes assis devant sa porte et un couple de renards est arrivé au soleil couchant. Ils se sont approchés de nous jusqu’à n’être plus qu’à quelques mètres, c’était vraiment magique.
OR : Que signifie le titre de l’album, Red Eyes and Gray Skies ?
J’ai pensé que ce serait pas mal si il pouvait avoir plus d’une signification, et compléter les changements d’énergie et les différents sentiments que j’essaye d’exprimer. Le titre se veut une référence aux nuits blanches et à la déprime. Mais étant donné que les yeux rougis peuvent aussi provenir du fait de fixer sans cesse un écran et que les cieux sont toujours “gris” sur une GameBoy, c’est aussi une référence aux jeux vidéo et à la nostalgie. Bien sûr, cela peut avoir un sens totalement différent pour quelqu’un d’autre.
OR : Le premier morceau du premier album a pour titre Apathetic Theme, l’ouverture du second se fait sur Symphony for apathy. C’est le ‘chill out’ en tant que philosophie ? 🙂
Apathetic Theme est en fait un jeu de mot sur le Athletic Theme de Super Mario Bros. Je me disais que j’étais plus du genre apathique que du genre athlétique, haha. Je ne veux pas dire que l’apathie est une excellente philosophie, mais c’est un thème que j’aime bien utiliser car il colle bien avec l’ambiance de certaines de mes compositions et certains des sentiments que j’essaye parfois d’exprimer (pour peu qu’on puisse seulement exprimer l’apathie). D’un point de vue plus technique, et sans parler de la ressemblance des titres, les mélodies de ces deux morceaux sont en fait aussi un peu similaires, car je souhaitais que ce nouvel album garde quelque peu une cohérence avec mes travaux précédents.
OR : Quels étaient tes espoirs en composant ce dernier album ? A-t-il répondu à ces attentes ?
Je voulais essentiellement prendre du plaisir à l’écrire, et tant que je suis heureux en faisant ça, c’est vraiment tout ce que j’en attends. Bien sûr, j’ai toujours l’espoir que d’autres personnes pourraient aussi l’apprécier. Si quelqu’un d’autre que soi, même une seule personne, peut vraiment prendre du plaisir grâce à quelque chose que votre création, alors c’est juste vraiment, vraiment merveilleux et cela donne à cette création une signification encore plus profonde. Concernant la réception de l’album, je dirais qu’il a sans conteste dépassé toutes mes attentes, en particulier du fait que je n’“attendais” pas vraiment quelque chose. Mais ouais, je trouve que j’ai reçu beaucoup de critiques positives et tellement de gentils commentaires, et j’en suis véritablement reconnaissant. J’apprécie sincèrement tout cet amour et tout ce soutien.
OR : Comment s’est réalisé le processus d’écriture de ce deuxième album ? Quelles sont tes sources d’inspiration pour composer ces morceaux avec des rythmes toujours entraînants teintés d’une petite sonorité mélancolique.
L’intégralité de cet album est plus ou moins un ensemble de morceaux que j’ai écrits à chaque fois que je ressentais le besoin d’exprimer quelque chose. Donc, les sentiments et les émotions sont toujours des forces motrices pour ma musique, mais l’inspiration des autres musiques que j’écoute est aussi un élément important.
OR : Au niveau de la scène chip music actuelle, y a-t-il des artistes ou des courants musicaux que tu apprécies particulièrement ? Quelles sont tes influences musicales hors chiptune ?
Oh, il y a tant de grands artistes et d’excellente musique dans la mouvance chiptune que je ne saurais pas par où commencer. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir eu l’occasion de connaître certains d’entre eux tout au long de ces années où j’ai composé de la musique. Et je crois que c’est une des caractéristiques les plus géniales de cette scène: On peut réellement entrer en contact avec les artistes que l’on admire, et même leur demander des conseils ou des astuces. Pour en revenir à la question, Rymdkraft était en fait un des premiers artistes bitpop que j’ai écouté, et une des principales raisons qui m’ont poussé à faire du bitpop.
Je pense que je devrais aussi citer la légende du bitpop suédois, Slagsmålsklubben, qui m’ont fait redécouvrir la chipmusic au détour d’une vidéo sur le skateboard sur Youtube. J’ai toujours adoré la musique des anciens jeux vidéo et j’ai immédiatement été conquis par l’idée de combiner les sons 8-bit des vieux processeurs sonores avec d’autres instruments et des sonorités plus modernes. Je me suis dit que c’était la chose la plus géniale qui soit ! Et donc, la musique de jeux vidéo deviendrait aussi une de mes plus grandes sources d’inspiration. J’ai toujours particulièrement aimé la musique des jeux Donkey Kong Country et Sonic.
En dehors de la chipmusic, j’ai toujours aimé le punk. Des trucs comme NOFX, The Lawrence Arms, Alkaline Trio, Anti-Flag, Strike Anywhere, etc. De ce fait, j’aime bien essayer d’incorporer des rythmiques un peu punk dans mes musiques de temps en temps. Oh, il faut aussi que je mentionne Sundowner, un projet de Chris McCaughan de The Lawrence Arms. Jetez un oeil à Mouth of a Tiger ou What Beadie Said si vous voulez entendre ce que je considère comme deux des plus superbes chansons jamais composées.
OR : Qu’en est-il de cette coopération avec CHICKENANDROFLS sur l’EP I Like You Better as a Monkey ? Sur Red Eyes and Gray Skies, il y a aussi des coopération avec Super Robotic Encounter ou Rymdkraft. Comment ça s’est passé ?
Il est fréquent que CHICKENANDROFLS et moi nous demandions de collaborer sur différents morceaux, et ça s’est donc régulièrement traduit par de nombreuses compositions communes ces dernières années. Du coup, on s’est dit tous les deux : “Pourquoi ne pas en faire quelques une de plus et faire un split (album ou EP commun à deux artistes). Et on l’a fait ! L’un des morceaux a même été repris sur mon tout premier album, au coté de de deux autres collaborations avec Lukas Eriksson et Remedmatika respectivement.
J’ai toujours apprécié collaborer avec des personnes différentes et de ce fait, j’ai aussi souhaité perpétuer cette merveilleuse tradition pour Red Eyes and Gray Skies. Après avoir remarqué que Rymdkraft reprenait du service, je lui ai envoyé un message lui disant combien j’admirais son travail et lui demandant si il accepterait d’écouter rapidement mon premier album et de me dire ce qu’il en pensait. Il a été super sympa et m’a renvoyé un bon nombre de précieux commentaires. Voyant qu’il appréciait beaucoup l’atmosphère de ce premier album, j’ai sauté sur l’occasion pour lui proposer de coopérer avec moi sur un morceau du second album et j’ai été super super heureux quand il a accepté.
Super Robotic Encounters et moi avions déjà composé un morceau ensemble auparavant et nous parlions sans arrêt de faire plus de musique tous les deux. Il a toujours été d’un grand soutien envers moi, et ce, déjà pour la sortie du premier album. Je me suis donc dit que l’album suivant serait l’occasion idéale pour ce nouveau morceau.
J’ai aussi l’intention de faire un autre split chez BleepLove avec le troisième artiste avec qui j’ai collaboré sur Red Eyes and Gray Skies, à savoir Robot Orgy Massacre, qui fait aussi partie de la grande famille BleepLove. En fait, nous avons commencé à travailler sur cet album commun il y a déjà longtemps et nous avons beaucoup de compositions qui sont déjà prêtes. Le morceau publié sur le dernier album était à la base destiné au split mais j’ai tout simplement adoré ce qui en est sorti après qu’il a eu fini ses arrangements sur la composition. Il fallait absolument qu’il soit sur mon album. Je lui ai demandé si il était d’accord, et je suis maintenant très heureux que cela ait été le cas. Je suis vraiment heureux d’avoir ces trois formidables artistes sur mon second album.
OR : Tu es fidèle depuis tes débuts au label russe Bleeplove. Peux-tu nous parler un peu de ce label de ton point de vue d’artiste ?
Tout a commencé quand ils m’ont invité à leur proposer un morceau pour la compilation BleepLove Vol. 4. Étant un grand fan de VRUMZSSSR, qui gère le label, je leur ai bien évidemment soumis une composition, et c’est d’ailleurs comme ça que Apathetic Theme a vu le jour. Une fois la compilation sortie, j’étais super excité d’en faire partie et je l’écoutais tout le temps. Il y avait tant de grands artistes et de super musique! Le Zommie (ft. Zommie) de MisfitChris est toujours le morceau number one quand je conduis de nuit.
Quoiqu’il en soit, grâce à VRUMZSSSR, J’ai sorti mon premier album, Party with Robots, chez BleepLove peu après cette compilation. Depuis, ils n’ont cessé d’être super sympa avec moi et de m’apporter tout leur soutien. A peu près à l’époque où BleepLove Vol. 5 était en cours de production, je leur ai demandé si ils souhaitaient publier mon second album. J’ai parlé avec Ki Yoshiko de BleepLove de la possibilité de le sortir sur support physique, et elle a trouvé l’idée très bonne. Elle s’est occupée de quasiment tout, tout en me tenant au courant durant toute l’opération. Je ne pourrai jamais assez la remercier pour toute cette merveilleuse aide qu’elle a apporté sur Red Eyes and Gray Skies. Cet album n’aurait jamais pu exister sans elle !
OR : Y a-t-il d’autres labels avec lesquels tu souhaiterais travailler ?
Eh bien, il y a beaucoup d’autres très bon labels, mais je dois avouer que je me sens comme chez moi chez BleepLove. Toutefois, après la sortie de Red Eyes and Gray Skies, Cheapshot du label Cheapbeats m’a demandé si je voulais sortir un album chez eux. et je suis très excité à cette idée. Vraiment, ils ont produit des albums tels que Porter de Men of Mega, Disco.txt de Roboctopus, et désormais aussi le Space Force EP de Rymdkraft, comment aurais-je pu refuser ? J’adore ces gens-là ! Alors si il y a bien un autre label avec lequel j’aimerais travailler, assez facilement, ce devrait définitivement être Cheapbeats ! Cheapshot me semble être un type super, par dessus tout, et j’attends avec impatience de pouvoir travailler avec lui sur mon éventuel prochain album. Maintenant, ce n’est pas un contrat d’exclusivité et je pourrai toujours sortir d’autres compositions chez BleepLove.
OR : Quel hardware utilises-tu ? Des vieilles consoles ? Des VSTs ?
Juste mon ordinateur avec des tas de samples différents et des VSTs. Sur mon dernier album, on peut m’entendre gratter quelques cordes sur une guitare dans Dancing with Bullets et aussi triturer le mini jack dans le line-in sur Furry Flurry ! Hahaha.
OR : As-tu déjà eu l’occasion de faire des lives ? C’est quelque chose que tu souhaiterais faire ?
Pour l’instant, ça n’a jamais été à l’ordre du jour. Je ne sais pas trop. Je n’y ai jamais vraiment beaucoup réfléchi. Je n’ai jamais été très à l’aise avec le public (si tant est que le public réponde présent, haha), mais je vais probablement au moins y réfléchir. Il y a quelques personnes à qui j’ai promis un concert privé à petit budget au cas où elles me rendraient visite, haha.
OR : Si tu utilises des sons 8bit pour tes musiques, cela signifie probablement que tu as un passé de joueur de jeu vidéo. Quels sont les consoles et les jeux de ton enfance ? Et maintenant, tu joues encore aux jeux vidéo ?
Tout à fait ! Certains des meilleurs souvenirs de ma vie sont ceux de mon grand frère et moi jouant aux jeux vidéo lorsque nous étions plus jeunes. La Super Nintendo était probablement ma console préférée car elle avait tous mes jeux préférés. Quand j’étais petit, j’étais plus occupé à gagner dans Super Mario World plutôt qu’à apprendre à marcher. J’ai grandi en jouant à de nombreux classiques tels que Donkey Kong Country, Castlevania et Super Mario Bros. Il nous arrivait aussi à mon frère et à moi d’aller louer des jeux à la bibliothèque locale ou bien d’en emprunter à nos amis. Super Castlevania IV était un de mes préférés et je demandais tout le temps à mon frère d’y jouer avec moi ou même simplement de le regarder, lui, y jouer. A ce jour, c’est encore un de mes jeux vidéo favoris au coté de Donkey Kong Country 2 et Sonic the Hedgehog 2, sans doute beaucoup aussi à cause de leurs musiques. J’ai toujours été un grand fan de Nintendo, mais j’aime aussi beaucoup les Sonic, en particulier les plus anciens car mes parents m’avaient offert le premier de la série à Noël.
Des années après tout ça, il m’arrive de temps en temps de rejouer à certains de ces jeux que j’aimais dans mon enfance. Mais de nos jours, avec mes amis, nous sommes plus sur Smash Bros sur Wii U. C’est toujours de bonnes parties de plaisir. Avec les jeux multi-joueurs tels que Smash Bros, Mario Kart ou bien Mario Party, on s’amuse toujours bien.
OR : Enfin, avez-vous quelques mots à dire au public français ?
Si vous avez lu tout ça, désolé pour le radotage. J’espère que vous aimerez certaines de mes musiques. Si jamais il y a quoique de soit d’autre que vous souhaitez savoir sur moi ou ma musique, vous pouvez toujours aller sur mes pages Facebook, YouTube, SoundCloud ou autre. J’essaye de répondre du mieux que je peux. Et en plus, on partage les même couleurs sur nos drapeaux nationaux respectifs ! C’est super, non ? A bientôt !!!
Et quelques petits liens :
- Laffe the Fox sur Facebook : https://www.facebook.com/laffethefox
- Laffe the Fox sur YouTube : https://www.youtube.com/user/LaffeTheFox
- Laffe the Fox sur Soundcloud : https://soundcloud.com/laffethefox
- Le label BleepLove : http://bleep-love.ru