En voyant cet article, certains diront sûrement « Tekken? Je ne savais pas qu’il y avait un film ». Et pour cause! La sortie a été confidentielle et s’est faite quasiment exclusivement en DVD. Pourtant les moyens avaient été mis pour réaliser un film conséquent avec un budget de plusieurs dizaines de millions de dollars. Malheureusement le film n’en a même pas rapporté un! Et pour couronner le tout, le créateur du jeu vidéo a désapprouvé cette adaptation. Alors est-ce vraiment nécessaire de faire un chronique qui risque de se terminer en boucherie? Mais après tout, Tekken n’est pas un jeu pour les fillettes, alors allons-y!
Donc Tekken est l’histoire d’un tournoi d’arts martiaux. Après Mortal Kombat, Dead or Alive ou Street Fighter, la recette est désormais éculée, d’autant plus que les jeux ne brillent pas non plus par l’originalité de leur mise en scène. Pourtant Tekken s’en sort plutôt correctement avec l’enrobage du tournoi dans un univers post-apocalyptique au côté cyberpunk (les megacorporations dominent le monde, dont la toute puissante Mishima japonaise). Et ça, si vous avez lu ma chronique sur Nirvana, vous savez que ça n’est pas pour me déplaire. Il y a donc des aspects à la Blade Runner dans l’Enclume, le bidonville géant qui entoure Tekken City, les décors et l’action de la première partie du film étant dans l’ensemble convaincants.
La seconde partie se déroule dans l’arène de l’Iron Fist Tournament, à l’intérieur de Tekken City. Là, c’est moins glorieux, on sent un peu les limites du film, budgétaires avec un manque cruel de figurants pour électriser l’atmosphère du lieu, ou artistiques, les différents niveaux dans lesquels évoluent les combattants (temple, ruine, etc) étant tous figurés par des éléments de décors placés au centre de l’arène sans que cela soit particulièrement évocateur. Mais bon ce qui nous intéresse dans un film d’action, ce ne sont pas les décors mais bien les combats! Et ceux-ci sont plutôt sympathiques. Filmés à 100 à l’heure, il y a quelques cascades et chorégraphies impressionantes comme le combat avec Eddy Gordo (forcément) ou le combat entre Brian Fury et Jin Kazama. Sans oublier le combat entre Jin et Law qui fait la transition entre les deux parties du film. Point que j’ai apprécié, quand les coups pleuvent, ça se voit : les combattants souffrent, saignent, tombent. C’est normal me direz vous mais c’est rarement le cas dans les films ou les héros ressortent avec à peine un souffle dans leur brushing. Ici ça n’est pas le cas, le film montre la souffrance et la sueur. Par contre je trouve dommage l’introduction de combats avec des armes, contraire à l’esprit du jeu (excepté Yoshimitsu évidement).
Examinons en dernier lieu l’intrigue : certains reprocheront l’absence de certains personnages récurrents de la série (Paul, King, Xiao Yu pour n’en citer que quelques uns). En fait le film se concentre sur le trio Mishima : Heihashi (joué par Cari-Hiroyuki Tagawa qui a aussi le rôle de Shang Tsung dans Mortal Kombat!), Kazuya, Jin. Ce recentrage sur la famille, outre le fait qu’il soit également central dans la série des Tekken, est à mon sens scénaristiquement intelligent. Il permet de donner de la profondeur aux personnages, et en particulier à Kazuya, méchant plus crédible que dans la plupart des films de ce genre ou le méchant est méchant parce que c’est comme ça. Ici le film met en évidence les relations complexes entre les 3 générations et c’est un effort suffisement original pour être souligné.
Et puis cette histoire de fils prodige est assez ironique quand on sait que le père de Tekken, Seiichi Ishii, a lui-même rejetté le film, fils adoptif de sa série : une mise en abîme involontaire mais qui a du piquant. On peut d’ailleurs souligner qu’il est facile de renier le travail des autres quand on n’a pas participé soi même à la réalisation et surtout après l’échec commercial patent. Les choses auraient sans doute été différentes en cas de succès. D’une manière générale, on peut regretter le manque d’investissement des studios de jeu vidéo dans le passage de leur oeuvre sur le grand écran (Jordan Mechner mis à part), à la fois car ça élèverait peut-être un peu le niveau des films et car ils prendraient un peu leurs responsabilités.
Pour conclure, Tekken est un film plus que sympathique, qui essaye de s’élever un peu au-dessus du simple film d’arts martiaux et qui s’en sort correctement. Certes ça n’est pas parfait mais les efforts sont louables et valent bien un détour.
Respect de l’univers
Qualité des combats
Divertissement