Dimanche dernier, quelques membres d’OrdiRetro s’étaient données rendez-vous sur les marches du Grand Palais à Paris. Au programme de l’après-midi, rencontre avec Philippe Dubois, Président de l’association MO5, pour une visite guidée de l’exposition qu’il organise en ce moment et sobrement baptisée Game Story. Une histoire du jeu vidéo.
Après avoir fait un peu la queue, signe de l’évident intérêt pour l’exposition et de son succès, nous pénétrons donc dans le bâtiment et c’est après gravi un escalier monumental que nous arrivons enfin aux portes de l’exposition. Et là, il faut bien dire que MO5 n’a pas fait les choses à moitié : 80 machines jouables et une présentation impeccable. Que ce soient les notices d’accompagnement, le mobilier mettant bien en valeur les machines, la décoration en Pixel Art des cloisons séparant les différents espaces de l’exposition ou encore la variété des jeux sélectionés, tout est pensé dans les moindres détails.
Et attention, ça n’est pas de l’émulation, toutes les machines présentées en vitrine ont une petite soeur cachée dans le meuble qui les supporte et qui tourne en continu (à part la Colecovision qui a tendance a trop chauffer et ne tiendrait pas une période d’allumage aussi intense). Bref, chez MO5, on respecte le matériel et les joueurs afin de leur fournir les sensations d’origines.
Face à cette profusion, on s’avance et on s’en donne à coeur joie. On commence par un Pac-Man, on se ballade quelques instants sur l’Ile aux Singes, on distribue des claques dans Double Dragon et on dézingue tout ce qui bouge dans un niveau de R-Type ou de Turrican. Et ça continue comme ça jusqu’au bout avec ici un Alone in the Dark, là une borne Dance Dance Revolution. Comme vous pouvez le voir, il y en a pour tous les goûts et, s’il n’y a pas de jeux exotiques, on ne trouve que des valeurs sûres, connues et reconnues. Et c’est bien là le but, montrer que les jeux vidéos font désormais partie de notre patrimoine culturel, au même titre que la littérature, la bande-dessinée ou le cinéma.
Car la grande idée des organisateurs de l’exposition, c’est d’accompagner les jeux par une mise en perspective de leurs inspirations. Barbarian a par exemple le droit à une vitrine où l’on découvre une affiche du film Conan le Barbare ainsi que des jouets tirés du dessin animé les Maîtres de l’Univers. La filiation devient ainsi lumineuse et le jeu vidéo prend pleinement sa place dans la production culturelle de son époque. A ce titre, la mise en parallèle de Mario et d’un extrait d’un film de Buster Keaton est osée mais fait parfaitement sens : qu’est le burlesque et ses courses poursuites endiablées si ce n’est du Jump’n Run? Une série comme GTA ajoute même un aspect de défi à l’ordre établi qui est aussi une caractéristique du genre. A travers cet accompagnement, les visiteurs peuvent véritablement prendre conscience de l’importance du jeu vidéo, comme média et comme objet culturel à part entière.
La présence de Philippe Dubois était également un plus appréciable : il a supporté nos questions avec beaucoup de sympathie et nous le remercions chaleureusement d’avoir pris de son temps pour nous accompagner dans ce petit voyage dans le temps finement et savamment orchestré.
Alors on pourra toujours avoir des regrets et déplorer l’absence de tel ou tel jeu ou genre (à l’instar des God games : Sim City, Populous…) mais c’est vraiment pour chipoter. L’exposition est réellement destinée aux curieux comme aux passionnés et je ne peux que vous encouragez fortement à y aller passer une heure ou deux – dépêchez vous, l’exposition ferme ses portes le 9 janvier.
Petite anecdote avant de se quitter : devant la vitrine consacrée à l’effondrement du marché de jeu vidéo au début des années 80, j’étais en train d’expliquer à Nelow qu’Atari avait été obligé d’enterrer les stocks de jeux E.T. invendus quand débarquent deux enfants de 10-12 ans, emportant leur mère avec eux et lui expliquant mieux que je ne venais de leur faire cette même histoire! Donc pas de souci, le relai est déjà passé et les jeux vidéos ont encore de beaux jours devant eux.