OR : Bonjour, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Glames : Je m’appelle Jérôme Senay et je suis connu sous le pseudo de Glames dans la communauté Amiga. J’ai 38 ans et je réside à Nantes dans le nord ouest de la France. Je travaille dans l’informatique depuis seize ans. Je travaille comme chef de projet/analyste indépendant en informatique et comme éditeur de logiciels/jeux sous le nom Boing Attitude.
Je suis fan d’Amiga depuis 1987. Mon premier ordinateur a été un Amiga 500, puis j’ai acquis un Amiga 1200. Je possède maintenant un AmigaOne G4 et une « The Red One » (Sam440ep-Flex) de Relec, tous deux des Amiga « Nouvelle génération ». J’aime beaucoup la « The Red One » car elle est très silencieuse et consomme peu d’électricité. J’ai installé l’AmigaOS 4.1 update 5 sur ces deux ordinateurs. J’ai encore un Amiga 600 que j’allume de temps en temps.
OR : Peux-tu nous parler un peu plus de ton nouveau jeu ?
Glames : Mon nouveau jeu, qui s’appelle Ask Me Up, est un quizz de culture générale. Le principe est des plus simples: une question, 4 réponses possibles… Il suffit de choisir la bonne! Les questions (textuelles ou en images) sont posées par série de 10 questions. En répondant vite et bien, on accumule des points et des médailles qui permettent de débloquer de nouvelles questions. Pas moins de 15 thèmes sont proposés: people, sport, géographie, divertissement, environnement …
Le jeu est multi-utilisateurs: chacun crée son profil et le personnalise avec son prénom et un avatar. Il y a ensuite des statistiques par utilisateur (points, taux de réussite, …) et des classements. Il existe également un mode « duel » qui voit s’affronter deux joueurs, tour à tour, sur une même série de 10 questions. Ce mode est plutôt destiné à des unités mobiles (téléphones, tablettes, ePC, …).
Le jeu existe en 3 éditions. La première, « Démo », est une version gratuite qui comprend 80 questions. L’édition L (1,11 euro) comprend 300 questions et la XL 900 questions (3,33 euros). Une édition XXL sortira sans doute aux alentours de la mi 2013 : 1200 questions, format 16/9e, gestion du joypad, jeu simultané possible, … Le prix devrait avoisiner les 10-15 euros.
Le jeu est disponible depuis le premier Décembre sur www.askmeup.com pour Android, Linux, Windows, MorphOS et AmigaOS 4 bien sûr. Des versions AmigaOS 3, Mac OS X et AROS sont aussi à l’étude.
OR : Pourquoi développer des jeux sur Amiga en 2012 ?
Glames : Avant tout par passion car le marché Amiga, bien qu’existant, est très restreint et ne permet pas d’en vivre.
Sans doute aussi par nostalgie car l’Amiga a occupé une grande part de mon adolescence. Et puis, comme l’Amiga manque de tout, il y a une certaine fierté à créer des logiciels de qualité professionnelle pour cette plate-forme car on sait que les gens l’apprécieront à sa juste valeur. Les utilisateurs sont d’ailleurs d’un grand soutien.
Enfin pour valoriser ce système qui le mérite tant. En continuant à créer de nouvelles applications ou jeux, on peut espérer faire revenir quelques ex-amigans et que la communauté s’étende à nouveau. C’est presque un acte de militantisme que de développer sur Amiga aujourd’hui ^o^.
OR : Quels sont selon ton expérience les avantages et les inconvénients à être développeur indépendant ?
Glames : Le gros avantage est bien sûr la liberté. Depuis que je suis passé indépendant il y a deux ans et demi, j’alterne entre des missions en clientèle et l’édition de jeux/logiciels. La première activité finance la deuxième. Le fait d’etre indépendant me permet donc de consacrer plus de temps à des projets d’édition, notamment sur Amiga. Quand j’étais auparavant salarié, cela était pour ainsi dire impossible, sauf à travailler le soir et le week-end. Cela contribue à un épanouissement personnel: vous êtes le seul maitre à bord.
L’inconvénient est que tout repose sur vos épaules. Vous devez trouver des clients chez qui travailler pour continuer à gagner de l’argent, même si l’objectif à terme est pour moi de vivre de mes ventes de logiciels. Il y a donc une espèce d’incertitude du lendemain, sans doute plus que quand on est salarié. Le travail en indépendant nécessite également une grande rigueur car la tentation de vacances à répétition peut être grande ^_^. Et vous devez également gérer tout l’aspect administratif.
OR : Qu’est-ce que tu penses du développement important des jeux qu’on constate actuellement sur les supports mobiles (téléphones et tablettes) ?
Glames : Que du bien puisque je franchis le pas avec Ask Me Up ^^. De plus, ce marché permet de retrouver un peu l’âge d’or des jeux vidéos des années 80-90. A cette époque, les jeux étaient réalisés par de petites équipes. Android et iOS permettent à nouveau cela. De plus, les nouvelles interactions des téléphones et tablettes permettent de créer de nouveaux concepts de jeux. Après, il y a bien sûr de tout en terme de qualité: excellente ou nettement moins bonne…
Toutefois, de nombreuses applications/jeux sont gratuites, ce qui rend plus difficile la façon de monétiser ses applications et c’est un critère très important bien sûr pour un professionnel. Une autre difficulté pour moi est également le flot énorme de créations qui inondent chaque semaine le marché: pas facile de se démarquer.
OR : Avec tout ça, as-tu encore le temps de jouer ? Quels sont tes jeux préférés ?
Glames : J’ai effectivement très peu de temps pour jouer à des jeux que je n’ai pas créé moi-même. Surtout que j’essaie régulièrement de reposer mes yeux afin d’éviter la fatigue oculaire. Toutefois, je joue de temps en temps avec des amis à Sing Star, Guitar Hero ou Buzz sur PS3. Sur Wii, j’aime bien Wii party. Et sur Amiga, je joue régulièrement à The Settlers, Croisière pour un cadavre ou 1941.
Je joue par contre très souvent à des jeux de société ou plateaux : Catane, Les Aventuriers du rail, Bonhanza, tarot, échecs, scrabble…
OR : Que penses-tu du retrogaming ? Effet de mode ou phénomène de société ?
Glames : Je pense que le retrogaming a toujours existé mais qu’il a pris de l’ampleur depuis quelques années. Il s’est maintenant institutionnalisé et plusieurs manifestations annuelles ont lieu chaque année un peu partout dans le monde. Je ne sais pas si cela est un phénomène de mode mais j’espère que cela va continuer car il est important de conserver cette diversité de jeux : cela permet notamment aux jeunes générations de découvrir des jeux souvent addictifs, même s’ils ne déroulent pas dans des univers 3D immenses. Tout le monde sait que des jeux qui ont maintenant 20 ans sont des bijoux de Gameplay et dépassent de loin certains best-sellers d’aujourd’hui. Les éditeurs étaient plus libres à l’époque. Maintenant, les professionnels du jeu vidéo sont de grosses structures et cherchent donc à limiter les risques financiers en se reposant sur quelques titres. Le marché des tablettes / téléphones semble toutefois relancer la créativité et c’est tant mieux.
OR : Un dernier mot ?
Glames : Merci à tous les lecteurs d’OrdiRetro.
De plus en plus de jeux rétro font leur apparition, pour notre plus grand plaisir ! Vivement que la Ouya soit disponible avec quelques remakes et jeux bien rétro, comme Final Fantasy III ou Super Retro Squad !
Photo prise au NASS, le rendez-vous des Amigaïstes de l’ouest 🙂
Joli article, j’aime beaucoup les interviews développeurs en général. A chaque fois, on se rend compte que de tous, c’est peut-être ceux qui jouent le moins 🙂 !