L’Amiga fête ses 30 ans cette année et les projets consacrés à cette machine exceptionnelle fleurissent sur Kickstarter. Après un livre et un documentaire, c’est carrément une nouvelle coque qui est proposé pour rhabiller de neuf nos Amiga 1200.
Comme chacun le sait, avec le temps le plastique des vieux ordinateurs a tendance à jaunir. De plus, de nombreuses extensions (ports USB, sortie VGA, lecteur HxC…) sorties ces dernières années nécessitent soit de placer les cartes mères dans des tours devenues introuvables avec le temps, soit de procéder à des découpes manuelles dans la coque d’origine, avec des résultats parfois peu esthétiques.
C’est à ces deux problème que Philippe Lang offre une solution ingénieuse en proposant de faire fabriquer des moules pour de nouvelles coques améliorées pour tenir compte des extensions les plus fréquentes sur les configurations actuelles. Cerise sur le gâteau, ces coques devraient être compatibles avec les cartes mères Amiga Reloaded d’Individual Computers, ce qui permettrait à tout un chacun de s’offrir un Amiga neuf dix ans après la faillite de Commodore !
Chaque boitier sera identifié par la mention « Amiga 30th Anniversary 1985 – 2015 » gravée à l’intérieur de la coque. Plusieurs éditions spéciales sont également proposées. La première est aux couleurs du musicien Lukhash, en noir ou transparent. La deuxième est un boitier rouge carmin pour être dans le ton du mythique groupe de démomakers Red Sector Incorporated (RSI). Un troisième boitier sera consacré à Titan (Eric Cubizolle), l’auteur de la Bible Amiga chez Pix’n Love qui sera offerte avec. Quand au boitier Ghost, il sera luminescent dans le noir! La dernière édition spéciale sera signée par Petro Tyschtschenko, le dernier PDG historique de l’Amiga après la banqueroute de Commodore et son rachat par ESCOM puis Gateway.
Philippe Lang a accepté de nous en dire plus sur ce projet lancé sur Kickstarter jusqu’au 20 août 2015.
OrdiRétro : Pouvez vous vous présenter ?
Philippe Lang : Je m’appelle Philippe et j’ai 40 ans. Bien qu’ayant toujours été un fana de l’Amiga je n’ai pas vraiment pu profiter de mon Amiga 1200 ces 12 dernières années car j’ai exercé ma profession d’expert IT à l’étranger. Mon A1200 est une version Commodore, carte mère 1D4. Je l’ai depuis 1993 je crois…
De retour en France pendant quelques temps pour des vacances bien méritées, j’ai ouvert la caisse dans laquelle j’avais stocké pas mal de mes affaires… Mon Amiga 1200 était là et il a booté immédiatement après ce long sommeil! Incroyable. Par contre le châssis… quelle horreur ! Je ne me souvenais pas avoir été aussi irrespectueux de la machine entre 15 et 17 ans!
OR : Quelles ont été vos premières machines ?
Philippe Lang : J’ai d’abord bricolé sur un Apple IIe et un TRS-80 à l’âge de 7 ans. Puis… plus rien! De foyer très modeste, impossible pour mes parents de m’acheter un ordinateur qui coûtait un mois de salaire a l’époque. J’achetais donc tous les bouquins possibles, décortiquant les listings d’Amstar CPC, d’Amstrad 100%, de Joystick, d’Hebdogiciel… Bref, très peu de sous, mais j’achetais toutes les revues… J’allais m’entrainer chez les copains qui eux avaient l’ordi, mais ne savaient pas l’utiliser !
OR : Quand et comment avez-vous découvert l’Amiga ? Que faisiez-vous avec ?
Philippe Lang : J’ai reçu un Amstrad CPC à Noël 1989… Un peu tard donc. Je n’en décollais pas et n’ai fait attention à rien d’autre… jusqu’au jour où je prends une claque en voyant la démo de Shadow of the Beast tourner sur une machine à la FNAC. En rentrant, j’ai regardé mon CPC et je l’ai remercié! On était en 1990. Trois semaines plus tard, j’achète un Amiga 500 chez Darty, avec une extension de 512k et son horloge, plus un écran 1084s. Quelque temps plus tard j’ajoute une Action Replay MKIII, pour basculer sur un A1200 dès qu’il sort! Ma passion ? Les jeux et les démos.. surtout celles de groupes comme RSI, The Silents…
OR : Quel serait un de vos meilleurs souvenirs lié à l’Amiga ?
Philippe Lang : Sans parler de la démo de Shadow Of the Beast, J’ai fait un ou deux mods (perdus aujourd’hui) sur base Techno. Une copine me dit un jour « Je connais le DJ du Métro [une boîte du coin]… tu devrais lui faire écouter ! ». J’enregistre une cassette.. Je lui fais écouter en cabine… Sans me prévenir il pousse le potard, diffuse en direct dans la discothèque tout en me criant « C’est géniaaaaaal .. »
OR : Comment est venue l’idée du projet ?
Philippe Lang : Tout simplement en voyant l’état de mon A1200. Ensuite ayant retrouvé des amis pas vu depuis de nombreuses années, je leur parle de ma trouvaille jaunie dans ma caisse… On regarde sur ebay, etc mais rien de bien intéressant. Normal, les derniers châssis ont été produits en 1993-95, il n’est plus vraiment possible de tomber sur un châssis neuf ! Après cet amer constat je lance… « Pfff.. c’est nul. On va les fabriquer nous même ! ». On rigole de ma connerie… puis 30 secondes après on s’est dit « Oui mais attends… »
Je suis un expert IT, spécialiste hardware et architecture réseau. et ai côtoyé fabricants d’équipements informatiques ainsi que fournisseurs. Bien sûr, rien à voir avec de la production industrielle plastique mais tout de même. Je me suis vite rendu compte que ma petite blague n’en était peut-être pas forcement une. Nous avons donc commencé à faire des recherches et pris des contacts.
OR : Combien d’unités devraient être produites pour que la fabrication des moules soit possible ?
Philippe Lang : Il n’y a pas de secrets. Les moules pour la fabrication du châssis de l’Amiga 1200 n’existent plus. Donc nous sommes obligés de passer par une phase de création de nouveaux moules. Et ils sont au nombre de 3 (haut de coque, bas de coques et pièces). Nous parlons ici de plus de 80 000 Euros d’investissement, juste pour les moules. Sans parler de la production des boitiers et du reste. Pour amortir l’ensemble, il nous faut fabriquer au moins 1200 boitiers.
OR : Pourquoi avoir choisi l’Amiga 1200 au lieu du 500 plus commun ?
Philippe Lang : Je pense que c’est parce que c’est l’Amiga 1200 qui m’a vraiment marqué. Et puis c’est celui qui m’a procuré le plus de bon temps, de plaisir! Pareil pour mes amis. C’est totalement un choix sentimental ! Depuis le démarrage de la campagne Kickstarter, beaucoup de gens nous demandent de nouveaux boitiers pour A500 ou A600. Même des tours !
OR : Qu’est ce qui justifie selon vous le fait de prolonger la vie de machines aujourd’hui désuètes ?
Philippe Lang : Aujourd’hui l’informatique est mon métier, a cause justement de ces années fantastiques. Et quand je pense a l’Amiga, aujourd’hui encore je sais que son architecture était en avance sur son temps. Il fait partie de notre jeunesse, de notre culture vidéo-ludique et, pour certains, il a été à la base de ce qu’ils sont aujourd’hui professionnellement.
Je ne connais aucune autre machine qui fasse sourire les gens lorsqu’on leur en parle. L’Amiga a toujours été vecteur de plaisir, et il l’est toujours ! Expliquez ça à un PCiste ou un Atariste, je ne suis pas sûr qu’ils comprennent la question 😉
OR : Le mot de la fin ?
Philippe Lang : L’Amiga 1200 est une machine fantastique, nous souhaitons lui donner un nouvel habit. Pour cela nous avons absolument besoin du soutient de tous les amoureux de la machine. Réussir CETTE campagne Kickstarter, nous permettra de faire fabriquer de nouveaux claviers ainsi que les touches uniquement pour Amiga 500/2000/3000/600/1200 et 4000! Nous sommes déjà en contact avec le fabriquant des claviers d’origine, mais il nous impose un minimum en terme de quantités, et observe notre campagne Kickstarter.
Si vous êtes Amigaiste, si vous aimez votre Amiga, soutenez-nous ! Et nous reviendrons après le succès de cette campagne avec des produits incroyables. Un clavier rétro éclairé pour votre A4000, ça vous dit ?
Il faut comprendre que si cette campagne ne réussi pas, il sera très difficile de maintenir voir même d’augmenter le parc d’Amiga. Il faut des boitiers…
Merci a tous ! 😉