OrdiRétro : Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
Thomas Zighem : Je m’appelle Thomas ZIGHEM, passionné de micro informatique et curieux de l’univers vidéo ludique, j’ai créé mon premier logiciel en 1992 sur Amiga 500 : Genesia, un jeu de stratégie au tour par tour qui a reçu le « Tilt d’or » en 1993 du meilleur jeu de stratégie face aux chalengers de l’époque, Dune 2 et Starlord.
OR : Genesia a depuis connu une renaissance sur iPad en 2011. Qu’est ce qui différencie les deux versions ?
Thomas Zighem : La programmation de Genesia a été entièrement repensée et réécrite en Objective C, mais la philosophie du titre original a été conservée.
OR : Les graphismes de la version actuelle sont plus fins que ceux de son ancêtre mais conservent un look retro. Pourquoi ce choix ?
Thomas Zighem : Dans Genesia, il n’y a pas d’effets qui essaient de vous en mettre plein la vue. J’ai préféré porter une attention particulière à la profondeur et à l’intérêt du jeu. Pour prendre conscience de cette évolution, je vous ai préparé un comparatif des graphismes de Genesia :
Il faut savoir que la résolution d’écran de l’Amiga était de 320 sur 200 pixels alors qu’aujourd’hui, une tablette comme l’iPad Retina affiche 2048 x 1536 pixels, sans parler du nombre de couleurs affichées à l’écran.
Ci dessous, une capture d’écran du terrain de jeu de Genesia version PC sortie en 1994, en 640 x 480 pixels, le choix des couleurs était très limité et il fallait parfois ruser pour obtenir de bons résultats. A côté, le même terrain de jeu mais tiré d’une capture d’écran en 1024 x 768 pixels de la version iPad sortie en 2011.
Maintenant, ouvrez bien vos yeux, car le meilleur est à venir, avec ci-dessous à gauche l’écran en 320 x 200 pixels de l’intérieur du temple de la version Amiga sortie en 1993. C’est un écran rare, car peu de machines peuvent encore exécuter cette version du jeu. Et à côté, en exclusivité pour vos lecteurs, vous allez être les premiers à découvrir une capture d’écran en 2048 x 1536 pixels de l’intérieur du temple de Genesia Héritage qui devrait sortir dans quelques mois. Notez le grain et les effets de peintures qui permettent au temple d’avoir cette ambiance si particulière à l’univers de Genesia.
Pour les graphismes de la version Héritage de Genesia, j’ai la chance de travailler avec ma compagne, Evelyne DEVLEMINCK, une artiste d’origine Belge qui apporte une touche de poésie et un style particulier aux écrans de Genesia, tout en gardant l’esprit original du jeu.
OR : Qu’est ce qui a justifié le choix de l’iPad ? Cela a t-il modifié votre approche du jeu ?
Thomas Zighem : Le jour ou Steve Jobs à dévoilé l’iPad au public, j’ai su qu’il y avait quelque chose à faire avec cet appareil, ce rapprochement tactile entre l’homme et la tablette était selon moi le moment idéal pour les indépendants de faire connaitre leurs jeux. J’ai acheté l’iPad 1 le jour de sa sortie et après un apprentissage de quelques semaines j’ai commencé à travailler sur ce qui aller devenir la 1ere version de Genesia pour tablette tactile. J’ai toujours considéré que Genesia n’est pas un « produit » mais une « œuvre », un jeu créé par un développeur passionné, pour des joueurs passionnés.
OR : Une nouvelle version est annoncée pour bientôt : quelles nouveautés sont prévues ? Quels systèmes seront supportés ?
Thomas Zighem : Le jeu a été entièrement revu, c’est une renaissance pour Genesia. Il conserve néanmoins l’esprit de l’œuvre originale, d’où son nom « Héritage ». Cette version est plus aboutie, plus adulte. Genesia Héritage est à la fois rempli de poésie, d’érotisme et de violence, je crois qu’il ressemble au monde tel qu’il a toujours été en fin de compte. J’ai voulu que cette ultime version soit présentée au plus grand nombre, elle sera donc disponible sur IOS (iPhone, iPad), Android, Windows, MAC OS, Linux.
OR : Une date de sortie ?
Thomas Zighem : Malheureusement pas encore, car de nombreux éléments ont été ajoutés et entièrement retravaillés pour Genesia Héritage, c’est un travail énorme et j’aime prendre le temps de peaufiner le jeu. S’il fallait toutefois vous donner une estimation, je pourrais vous dire qu’une version beta pourrait voir le jour avant la fin de l’année pour une sortie début 2014. Dans tous les cas, je vous prépare une version de Genesia « aux p’tits oignons » !!!
OR : Genesia présente une sensibilité écologique avec une gestion assez fine de l’environnement, que la présence du joueur a tendance à déséquilibrer. Est-ce que cela dénote une forme d’engagement de votre part ?
Thomas Zighem : Forcément, qui peut prétendre ne pas être touché par l’environnement aujourd’hui ? Globalement j’ai toujours été fasciné par les jeux qui laissent le joueur prendre conscience que ses choix ont une incidence sur l’évolution de la partie, que certaines décisions soient irrévocables et peuvent peser dans la balance. L’homme contre la nature, le bien contre le mal, cette éternelle dualité ! J’aime que les événements puissent échapper au joueur, que rien ne soit acquis, comme dans la réalité en fait.
OR : Comment voyez-vous Genesia par rapport à des licences comme Age of empire, The Settlers et autres jeux de gestion ?
Thomas Zighem : Age of Empire et The Settlers sont des jeux passionnants, car riches, profonds, mais faciles à prendre en main, surtout dans leur version en 2D. Si j’ai adoré les premières versions, je trouve qu’ils ne vieillissent pas bien avec le temps. Que dire de Age of Empire Online et de Settlers Online tous deux sortis en 2011? Certes, ils sont en 3D avec des effets modernes et agréables à voir, mais ils sont devenus fades, faciles et inintéressants, la coquille est vide.
Genesia n’est pas un jeu facile. Contrairement au gameplay entièrement prémâché des jeux du même genre, où vous êtes tenu par la main et dirigé toutes les 2 minutes, ici il n’y a pas de tutoriel qui vous oblige à faire ceci ou cela pour avancer. Personnellement, je ne vois pas d’intérêt ludique à jouer à un jeu qui vous demande de cliquer ici, puis là, puis de construire 2 fermes, et scier 30 planches de bois pour gagner. Où est le challenge ? Où est la part de réflexion et de stratégie dans tout cela ? Le comble sont les jeux actuels ou l’on doit passer par le tiroir-caisse avec de l’argent réel et des micros paiement pour acheter de la marchandise du jeu ! Nous sommes dans un monde où vous pouvez acheter vos 30 planches de bois virtuelles pour des euros ! Oui messieurs !! Nous vivons dans ce monde là et en tant que développeur je trouve cela ridicule !
OR : Que pensez-vous de la vague actuelle de développements indépendants qui rencontrent un succès important, et plus largement quelle est votre vision du milieu du jeu vidéo actuel ?
Thomas Zighem : D’après moi, l’explosion de la vente de jeux vidéos dématérialisés est une aubaine pour les développeurs indépendants et les petites structures, parfois j’entends dire : « Oui… mais l’Apple store, Steam prennent 30% des revenues des développeurs… « , cela me fait sourire, car je me souviens qu’en 1993, pour mon premier contrat le cachet d’auteur n’atteignait même pas les 10 à 15% du prix éditeur. Alors vous pensez bien que gagner 70% du prix éditeur ça change tout ! Et cela ouvre vraiment les portes aux créations originales, si toutefois les journalistes du secteur vidéo ludique suivent et relaient l’information, ce qui n’est pas toujours le cas.
OR : Etes-vous joueur également ? Quels sont vos jeux préférés ?
Thomas Zighem : Je suis passionné de jeux vidéos depuis mon enfance, il faut dire que j’ai eu la chance de vivre la naissance du marché du jeu vidéo, avec le ZX81, l’ORIC ATMOS, l’AMSTRAD puis plus tard l’ATARI ST, l’AMIGA… oui, j’suis vieux (* RIRES) ! Je suis très attaché aux développeurs qui mettent de leur personne dans la création de leurs jeux, je suis fan d’Éric Chahi, de Paul Cuisset, de Michel Ancel, de Frédérick Raynal, de Rémi Herbulot. Malheureusement, il reste très peu de bon créateur Français. Sans eux, le secteur du jeu vidéo n’aurait pas été si riche et amusant !
Les jeux qui m’ont vraiment marqué sont du plus vieux au plus récent :
– Load Runner
– Defender of the Crown
– Dungeon Master
– Diablo
– Everquest 1
– Dwarf Fortress
– La série Total War
– À venir : Divinity Original Sin, de Larian Studios, une équipe de développement Belge
Puis, j’attends désespérément, les bons jeux…
OR : Le mot de la fin ?
Thomas Zighem : J’aimerais remercier les fans de Genesia et les lecteurs d’OrdiRetro. Grâce à vous, des auteurs indépendants peuvent essayer de vivre de leur travail et par votre fidélité, vous nous donnez la chance de vous proposer des jeux originaux.
Je me souviens de Genesia qui dégageait une ambiance particulaire grâce aux saisons et aux bruitages. J’avais même sur mon amiga, repompé les sprites et recréé un ptit moteur pour afficher une carte à l’affichage isométrique, le tout avec Amos.
Etant sur Android je n’ai pas pu essayer les nouvelles versions mais j’essaierai de ne pas louper Genesia Heritage.
Bon courage Thomas 🙂
Excellente interview FenriX, j’ai d’ailleurs acheté la version ipad car j’étais passé à coté du jeu à l’époque. C’est un très bon jeu, je ne m’y suis pas plongé encore à fond dedans, juste quelques heures mais je ressens déjà un titre profond et passionnant d’un auteur qui l’est tout autant ! Tout cela me donne envie d’y replonger de suite.
Un auteur à faire connaître pour sa passion et ce jeux excellent.merci pour ces heures de jeux qui ne se ressemble jamais 2 fois.
Bonsoir,
Normalement, la sortie du jeu est annoncé pour septembre ^_^
Merci pour cette ITW et les captures… Très intéressant de voir les comparatifs, avant-après 😛
s/annoncé/annoncée
j’ai bien aimé ton récit nous te soutenons avec beaucoup de Pa science sa diminue pour septembre on aspire de le voire