Nous vous avions déjà parlé il y a un an maintenant de l’Arcade Replay, une carte construite autour d’un FPGA et qui permettait d’émuler diverses machines retro comme l’Amiga, l’Atari et certaines bornes d’arcade. D’autres projets du même style existent comme le Minimig qui émule uniquement un Amiga 500 et le Mist, qui permet d’émuler à la fois un Amiga 500 et un Atari ST. C’est c’est machine que nous allons pouvoir vous présenter en détail grâce à notre partenaire Amedia Computer qui nous en a gracieusement prêté un exemplaire.
Présentation
Même si l’idée de faire coexister les frères ennemis de la génération 16 bits dans le même boitier peut sembler étrange, voire hérétique, au premier abord, il est clair que les deux machines reposaient sur une architecture en partie similaire, à commencer par le processeur, un 68000 de chez Motorola. Et lorsque Till Harbaum se lance dans l’aventure pour programmer son FPGA, le noyau du Minimig étant disponible depuis quelque temps déjà, il lui semble tout naturel de l’utiliser pour tester sa propre carte – et d’en profiter pour permettre un double système. Examinons un peu ce qu’il présente donc comme un « Minimig next-gen ».
Au niveau physique, le Mist se présente comme une carte mère de dimension réduite offrant une sortie VGA pour un affichage sur un écran PC, une sortie jack stéréo pour le son, 4 prises USB pour brancher des souris, claviers, joypads, etc et deux ports joystick à la norme Atari pour retrouver les sensations d’origine en utilisant une bonne vieille manette Speedking ou Competiton Pro. L’alimentation quant à elle se fait via un cable USB et un adaptateur secteur comme un banal portable. Tout ce qui est logiciel s’installe sur une carte SD qui s’insère en façade. Bref, au niveau connectique, il y a tout ce qu’il faut, rien n’est exotique ce qui permet d’utiliser le matériel en rab qui traine dans nos tiroirs. C’est sobre et fonctionnel. La carte est vendue dans un boitier métallique noir et blanc, pas très sexy mais là aussi propre et fonctionnel. On notera la présence d’un bouton marche/arrêt à l’arrière du boitier, ce qui évite les extinctions sauvages du Minimig. Ce petit plus est très appréciable!
Fonctionnement
Voyons voir maintenant le fonctionnement un peu plus en détail. Tout d’abord, il vous faut installer un noyau sur la carte SD, correspondant à l’émulation voulue. Pour le moment, le Mist est capable de lancer plusieurs jeux d’arcade (Pac-Man, Space Invaders…) et d’émuler 7 systèmes différents (Atari ST/STE, Amiga 500, ZX81, Atari 2600, Collecovision et dans un futur proche le C64 et les Atari 8 bits). Le noyau est en fait un simple fichier à récupérer sur le site de l’auteur et à copier sur la carte SD. Si vous avez opté pour le Pac-Man, vous insérez la carte, vous branchez une manette et ça marche! La simplicité même. Qu’en est-il des systèmes plus évolués?
Un Amiga dans une boite de sucre
Pour ce qui est de l’Amiga 500, le noyau est basé sur celui du Minimig, il présente donc les mêmes caractéristiques, à savoir qu’il faudra commencer par lui adjoindre un fichier Kickstart (une copie de la ROM d’un Amiga, la puce qui contenait les instructions de base permettant de mettre en route l’ordinateur). Pour se faire, il est possible d’utiliser un petit logiciel comme GrabKick par exemple. En fonction de la ROM copiée, il est ainsi possible de démarrer la carte avec un Kickstart allant du 1.2 au 3.1. Une fois ceci fait, le Mist démarre comme n’importe quel Amiga, affichant l’écran de chargement de disquette correspondant à la version du Kickstart. Une quoi??? Je vois à vos yeux ronds et à la sueur qui perle sur votre front que vous angoissez déjà à l’idée de devoir déterrer les disquettes du grenier, d’attendre les chargements interminables et surtout de connaître à nouveau le calvaire des changements de disquettes. Et bien non, pas besoin, la carte SD est là pour ça aussi! Il vous suffit de récupérer des images de disquettes au format adf (Amiga Disk Format) et de les copier à leur tout sur la carte. Le noyau gère une arborescence, il est donc possible de ranger tout ça proprement dans des dossiers séparés afin de s’y retrouver. Et pour charger les fichiers, rien de plus simple, un simple appui sur un bouton en façade du Mist (adieu les trombones du Minimig!) fait apparaitre le menu système dans lequel vous pouvez naviguer au clavier ou au joystick. C’est par ce menu qu’il vous sera possible d’insérer les fichiers dans les lecteurs virtuels (au nombre de quatre). Une fois un fichier assigné au premier lecteur, celui-ce se lance automatiquement. Là aussi, rien de plus simple, tout est intuitif et géré de manière graphique. Le noyau du Minimig étant aujourd’hui très stable et complet, la quasi totalité des jeux et démos Amiga fonctionnent correctement. Et la possibilité d’avoir 2 lecteurs de disquettes virtuels est un confort sans prix.
Un Atari qui se cherche
Pour l’Atari ST/STE, le principe est le même. On récupère le noyau correspondant ainsi qu’une version du TOS (du 1.00 au 2.06), là aussi récupérable à partir d’une machine physique. L’auteur propose d’utiliser emuTOS, une réimplémentation libre du TOS, qu’il met à disposition sur son site. Ensuite vous complétez avec des fichiers .st qui sont des images de disquettes Atari ST, vous mettez la carte SD dans le Mist et vous allumez. Et là, on constate l’écart entre la compatibilité Amiga et celle du ST. Déjà, la liste de jeux fonctionnels en utilisant emuTOS est assez réduite et il vaut clairement mieux utiliser un TOS d’origine. Ensuite des problèmes récurrents sont apparus pour la reconnaissance du bouton feu du joystick, le plus sûr étant d’utiliser un joystick USB plutôt que sur le port DB9. Et même comme ça, il faut bien dire que la compatibilité semble moins bonne que celle de l’Amiga. Le confort reste le même mais au prix d’une déception sur certains jeux qui refusent de fonctionner correctement (mais le Manoir de Mortvielle marche alors après tout, c’est le principal).
Le Mist offre également d’autres possibilités que nous n’évoquerons pas dans cet article comme le support d’autres systèmes (Atari 2600, Collecovision…) ou la gestion des disques durs sur Amiga et Atari. Ces capacités promettent de nombreuses heures à triturer la machine dans tous les sens! Mais au final que penser de cette petite machine?
Conclusion
Le Mist est une machine très sympathique mais dont le prix (entre 200 et 250 euros pour la carte-mère et le boitier) ne la met pas dans la même catégorie que les multiples consoles Revival, Flashback et autre RetroN 5. Du côté des points forts, c’est une machine discrète, qui consomme peu, qui ne chauffe pas et qui utilise des périphériques standards (VGA, USB) ce qui la rend plus pratique que le Minimig par exemple. L’émulation Amiga est excellente, et la possibilité d’utiliser d’autres systèmes est un plus indéniable. On pourra lui reprocher cependant un design un peu austère et une émulation Atari ST encore insuffisante.
Elle pourra donc faire le bonheur d’une part de tous ceux qui veulent retrouver un système Amiga moderne, simple à utiliser et capable de remplacer efficacement une configuration à base d’Amiga 500 modifié. D’autre part, le Mist s’adresse aussi à des utilisateurs plus avertis qui pourront suivre les progrès de l’émulation, utiliser le support disque dur et tester les différents systèmes supportés au fur et à mesure de leur développement. Dans les deux cas, le Mist remplit son office, à savoir transmettre le plaisir qu’il y a à utiliser ces systèmes.
Liens utiles :
Amedia Computer France : le revendeur du Mist sur notre territoire
Till Harbaum : le site du concepteur du Mist
Google Code : le site pour récupérer les différents fichiers nécessaires au fonctionnement du Mist