Charlotte’s Dream est un jeu d’aventure que son auteur Robert Guiscard, a commencé alors qu’il avait douze ans ! Il espère que la campagne Kickstarter lancée il y a quelques jours lui permettra de finaliser ce projet et de donner vie au monde onirique de Charlotte, son héroïne.
Vous trouverez des informations additionnelles sur le site officiel du jeu.
OrdiRétro : Pouvez-vous vous présenter?
Robert Guiscard : Je m’appelle Robert Guiscard et j’ai travaillé comme level designer chez Playlogic Game Factory, une société hollandaise de jeux vidéo. Je travaille aujourd’hui comme game designer en freelance. J’ai travaillé sur des jeux PS3, XBox 360 et PC mais je viens à l’origine de la scène des moddeurs du jeu Half-Life.
OR : Quelles machines avez-vous eues et lesquelles avez-vous préférées ?
Robert Guiscard : Et bien la première console achetée par mon père fut une vieille Atari et juste après la NES. Mais ce qui m’a véritablement fait passer au game design, c’est l’Amiga de Commodore. Ce n’était pas seulement une excellente plate-forme de jeu mais c’est aussi sur cette machine que j’ai fait mes premiers pas de créateur de jeux vidéo. Au début, je n’ai fait que des shoot’em ups en 2D relativement simple. Puis j’ai commencé à créer mes propres jeux d’aventure, inspirés par des classiques comme Monkey Island et Legend of Kyrandia. Charlotte’s Dream était le premier de ces jeux d’aventures que j’avais vraiment envie de terminer. J’ai créé les premières pièces pour Charlotte’s Dream sur mon Amiga 500 avant de continuer sur un Amiga 500+ et enfin sur un Amiga 1200. A chaque mise à niveau, je transférais l’ensemble des fichiers et je continuais à travailler dessus. Et même si j’ai eu (et possède encore) beaucoup des consoles modernes qui ont suivi, comme la Gamecube, la Playstation, la PS2 et la PS3, j’ai toujours de bons souvenirs de mon vieil Amiga.
OR : Pouvez-vous nous présenter Charlotte et le monde dans lequel elle évolue ?
Charlotte est une jeune fille qui a survécu de justesse à un accident de voiture qui a coûté la vie à son frère. Du fait de cette tragédie, elle est tourmenté par la culpabilité et une nuit, au milieu de ses pleurs, elle se retrouve perdue dans un monde onirique où elle doit affronter le passé et ses peurs intérieures afin de pouvoir se réveiller. Elle doit également faire face à une version sombre d’elle-même qui essaye de lui bloquer la route à chaque instant. Mais plus elle se rapproche de son but ultime, plus elle commence à réfléchir à une question bien plus sombre, est-ce que son frère pourrait être encore en vie ? Son voyage à la recherche de réponses l’emmènera dans les recoins les plus sombres de son âme et la façon dont tout ça se terminera sera laissé à la discrétion du joueur. Le monde imaginaire de Charlotte est un endroit mortel où vos choix comptent.
Le monde du rêve représente diverses parties de l’inconscient de Charlotte, ses incertitudes, ses pires peurs, ses doutes et ses espoirs. Heureusement, elle n’est pas totalement seule dans ce lieu. Elle recevra de l’aide de la part d’un vieil homme amical qui agit comme son mentor et elle recevra aussi de l’aide de la part d’une mystérieuse mais aussi extrêmement dangereuse Dame Dragon.
OR : Qu’est ce qui vous motive à créer Charlotte’s Dream ?
Robert Guiscard : Je pense que beaucoup d’artistes portent en eux ce projet idéal qu’ils espèrent toujours mener à bien mais qu’ils ne réalisent jamais. Charlotte’s Dream, c’est ce projet pour moi. Depuis que j’ai commencé à construire ce jeu quand j’avais douze ans, j’ai toujours eu cette idée d’une histoire épique qui n’a jamais été racontée. Et je pensais que c’était vraiment dommage. Quand mon père a finalement décidé de se débarrasser de sa collection de vieux Amiga, je me suis assuré de sauver tous mes fichiers de dessins originaux. En les regardant, j’ai réalisé que beaucoup d’entre eux n’étaient pas si mal que ça. Il y a un certain charme à ce style pixelisé aux couleurs limitées. Mais je ne crois pas qu’il suffise de refaire un vieux chemin déjà parcouru. Je crois que si vous voulez faire un jeu dans un genre existant, il faut l’améliorer, y ajouter quelque chose de neuf. Je me suis lancé dans ce projet avec l’intention de changer la façon dont les jeux d’aventure fonctionnent en général. J’ai commencé par analyser tous les problèmes du genre et à imaginer des solutions à ces problèmes. Maintenant que je me suis habitué à la façon dont Charlotte’s Dream se joue, je trouve difficile de rejouer à ces vieux classiques des jeux d’aventures qui ont été l’inspiration pour mon jeu. La différence est grande à ce point là.
OR : En quoi Charlotte’s Dream est-il différent d’autres jeux d’aventure ?
Robert Guiscard : L’un des problèmes récurrent des jeux d’aventure est que les joueurs doivent penser comme l’auteur du jeu. Et s’il arrive que l’auteur suit une logique étrange et lunatique, ils se retrouvent coincés. Comme en général le jeu n’offre pas d’aide, les joueurs finissent pas regarder une solution ou un guide et ça peut être frustrant. A contrario, Charlotte’s Dream essaye de suivre la logique du joueur. Si pour vous une solution est logique, alors elle fonctionnera probablement. Et si vous êtes quand même coincé, le jeu offre plein d’options pour collecter davantage d’informations. C’est pour ça que Charlotte’s Dream est un mélange entre un jeu d’aventure et un jeu de rôle. A chaque fois que vous trouvez la solution d’une énigme et que vous ramassez des objets et des informations utiles, vous êtes récompensés avec des points de compétence. Ceux-ci peuvent être utilisés pour débloquer un nouveau pouvoir pour le personnage principal et qui vous aidera à résoudre plus d’énigmes. Vous pouvez par exemple débloquez le pouvoir de parler aux animaux et aux plantes. Mais vous pouvez aussi débloquer de nouvelles options de dialogue.
Le jeu offre également des solutions multiples aux énigmes. Je considère que les énigmes qu’on a l’habitude de voir dans les jeux d’aventures ne sont pas de vrais énigmes. Ce sont des obstacles, comme un porte qui nécessite une clé pour être ouverte. Il n’y a que dans les jeux d’aventure classiques que la porte et la clé ont une étiquette différente. Aussi comme Charlotte’s Dream traite ces éléments comme des obstacles mineurs et non comme des énigmes, le jeu est ouvert à plusieurs solutions pour le même problème. Pour résoudre les vrais énigmes du jeu, il ne s’agit pas d’essayer tous les objets de votre inventaire. Ils nécessitent de comprendre le problème et d’aboutir à une solution. Je souhaite récompenser le joueur pour son intelligence, plutôt que de le punir.
Charlotte’s Dream inclut également une mécanique de suspension du temps et un système de fabrication d’objets. Donc si vous êtes coincés par une énigme, vous pouvez toujours fabriquer un outil utile pour vous aider à résoudre celle-ci.
OR : Quel public visez-vous ?
Robert Guiscard : Le jeu est prévu pour Windows, Mac, Linux, iPhone, iPad et iPod Touch. Il ne vise pas seulement les retrogamers mais également les joueurs qui veulent un jeu avec une bonne histoire et des énigmes intelligentes. Et si vous préférez plutôt l’exploration, le jeu en propose aussi en quantité. Le jeu récompense le joueur qui explore le monde du rêve et il y a plein de récompenses cachées à découvrir pour les joueurs exhaustifs parmi nous.
OR : Pourquoi avoir choisi un style graphique en pixel art ?
Robert Guiscard : Je voulais faire appel au sentiment de nostalgie pour les anciens jeux d’aventure. Charlotte’s Dream est une lettre d’amour adressée à cette période du jeu vidéo. Le jeu s’attaque aussi à certains poncifs du genre et son scénario renferme son lot de retournements inattendus et de moments clés. J’ai voulu faire un jeu qui non seulement ressemblait mais aussi sonnait comme les jeux de cette époque mais qui en même temps avait une chose ou deux à dire sur le genre lui-même.
OR : Êtes-vous seul sur ce projet ou recevez-vous de l’aide extérieure ?
Robert Guiscard : Je crée le jeu entièrement seul. Je fais tous les graphismes, les animations, la programmation et le game design. En fonction du succès de la campagne Kickstarter, j’aurai peut-être la possibilité d’avoir des personnes supplémentaires pour m’aider sur le projet. Mais pour l’instant, le jeu repose entièrement sur mes épaules.
OR : Quels jeux d’aventures vous ont le plus influencé ?
Robert Guiscard : Monkey Island 2, Legend of Kyrandia, Beneath a Steel Sky et Simon the Sorcerer. J’adorais l’humour et le style artistique de Monkey Island 2, mais j’aimais aussi beaucoup le sentiment de danger qui était toujours présent dans Kyrandia. Plusieurs jeux d’aventure de cette période proposaient des situations dans lesquelles le joueur pouvait mourir et le plus souvent de manières très originales. C’est l’une des choses que j’ai voulu reprendre dans Charlotte’s Dream. J’ai aussi adoré Beneath a Steel Sky pour la construction de son univers et Simon the Sorcerer pour ses extraordinaires animations et son style graphique magnifique.
OR : Si vous pouviez vivre dans un jeu vidéo, lequel choisiriez-vous ?
Robert Guiscard : Malheureusement la plupart de mes jeux favoris ont tendance à se passer dans des mondes plutôt dangereux, du coup je pense que je vais devoir choisir un endroit plus sûr. J’ai toujours aimé l’idée d’exploration spatiale alors peut-être que l’univers de Mass Effect serait à mon goût… si on ne prête pas attention à la gêne occasionnée par les désastres sur le point de détruire la galaxie ou par une race de robots tueurs sans scrupules. Sinon, un environnement fantastique comme le pays de Tyria du jeu Guild Wars serait aussi extraordinaire. J’aime l’idée d’explorer des mondes fantastiques étranges et étonnants.
OR : Quel personnage de jeu vidéo pourrait être votre meilleur ami ?
J’aime les personnages féminins avec un caractère affirmé, du coup je choisirais Chloe, du jeu Uncharted. De plus elle est doublé par Claudia Black qui a beaucoup de talent. Mais si je devais choisir un personnage masculin, je pencherais probablement pour Megaman, parce qu’il y a de bons à-côtés à avoir un ami qui a un chien robot volant.
OR : Que pensez-vous du regain du jeu d’aventure dans le sillage de jeux comme The Walking Dead ?
Robert Guiscard : Je pense que c’est bien que le genre évolue dans des directions différentes. Le jeu d’aventure semble avoir fusionné avec de nombreux autres genres au cours du temps pour aboutir à de nouveaux jeux. Ainsi je pense que des jeux comme The Walking Dead et Heavy Rain se focalisent à nouveau sur la narration. Mais des jeux comme Tomb Raider et Uncharted incorporent également des éléments qui étaient auparavant exclusifs aux jeu d’aventure pour devenir un nouveau genre de jeu à part entière. On trouve aussi des éléments des jeux d’aventure dans de nombreux jeux d’horreur comme les séries Project Zero et Resident Evil. Il est clair que les gens continuent d’aimer les énigmes et les bonnes histoires.