A tomber raide! (Lara Croft : Tomb Raider, Simon West, 2001)
Quel est le jeu vidéo le plus tentant pour un producteur hollywoodien? Mario? Non, l’univers est bien trop complexe et un plombier moustache, ça n’est pas très glamour, fut-il italien. Street fighter? Non plus, ça n’est pas assez grand public, c’est devenu un jeu de hardcore gamer. Allez réfléchissez bien : quelle licence associe gros flingues et gros seins tout en ayant su rester un jeu tous publics? Et dont l’héroïne est devenue une icône de l’industrie, au point d’avoir fait la couverture de nombreux magazines tant de jeux vidéos qu’économiques ou féminins. Ca y est, vous voyez? Et bien les producteurs américains aussi ont vu, et n’ont pas hésité : Tomb Raider, Hollywood te tend les bras!
Voyons maintenant le résultat.
A première vue, il y a tout pour nous plonger dans l’ambiance : Angelina Jolie et ses formes généreuses (copyright Jean-Claude Mas), se baladant dans des tenues inspirées des divers jeux ; des scènes d’action et de fusillade ; des contrées exotiques (Venise, le Cambodge et la Sibérie) ; une société secrète (les Illuminatis) et un artefact ancien et très puissant (le triangle de lumière). Et il y a même Daniel Craig, pas encore Mr. Bond.
Il est d’ailleurs intéressant que c’est un film américain qui fait tout pour exalter son anglitude – et du coup, celle de l’héroïne, Lara Croft, et du studio de développement à l’origine du jeu, Core Design. Le réalisateur et Daniel Craig sont britanniques, comme les deux second rôles accompagnant Lara, Christopher Barrie et Iain Glen (un Ecossais mais tout le monde sait que c’est pareil). Mais c’est également le cas des voitures collectionnées par Lara (MacLaren, Aston Martin, Mini Austin) et de son thé (du Darjelling). Et le film se termine sur une chanson de U2 (des Irlandais, mais là aussi, vus des Etats-Unis, la nuance est sans doute négligeable). Bref, tout le monde parle avec l’accent anglais, Lara se balade à moto sur le pont de Londres, il ne manque plus que la reine et Charles pour compléter la carte postale touristique.
Vous l’aurez compris, ce côté caricatural peut déjà énerver un peu. Mais quand en plus le jeu des acteurs est nul (à part peut-être Craig mais c’est parce que je l’aime bien), que le scénario est sans surprise et sans magie (un triangle de lumière, dont personne n’a jamais entendu parlé et aux pouvoirs indéfinis… il y a mieux pour faire rêver!) et pas très cohérent non plus (pourquoi aider les méchants à trouver le Triangle alors qu’ils étaient sur le point de tomber dans un piège mortel???), que les scènes d’action sont médiocres (des soldats d’élite abattus d’un coup de poing? Et puis euh… une scène de combat à mains nues à la fin? Lara Croft n’est pas Chun-Li!) et que la psychologie tombe à plat (le père de Lara Croft est joué par le près d’Angelina Jolie), on obtient au final un beau nanard. N’est pas Indiana Jones le premier venu, et surtout, n’est pas George Lucas qui veut! Quand je pense d’ailleurs que le même Simon West est aux commandes du futur Expandables 2, je crains le pire…
Vous l’aurez compris, c’est un film à voir pour rigoler et c’est tout.
Respect de l’univers
Action
Divertissement